Choqués comme la plupart, par le «propos» des sieurs Makhlouf et Tebbini à L’ARP. Le parlement est réputé pour ses bourdes oratoires, mais dans l’absence de tact et la vulgarité, un seuil est atteint là. Difficile de « faire mieux».
Reste qu’on le sait bien, à présent : dans le cas d’espèce, la remontrance, la colère ou l’indignation ne résolvent jamais rien. Cela chauffe un moment, le temps de déverser la même supplique, et puis, comme si de rien n’était, la «sale habitude» reprend.
Ce qu’il faut ?
C’est remonter à la cause. C’est traiter le problème en amont. C’est comprendre pourquoi tout ce basculement, pourquoi toute cette régression.
Explication courante : les députés vulgaires et discourtois, nous les avons nous-mêmes élus. C’est notre choix, c’est notre tort, nous en supportons le coût. D’aucuns ajoutent:«Ça nous apprendra».
Logique apparente. Le vote est conséquence de ce que nous sommes déjà. De ce qu’est notre background personnel. Notre éducation de base. De ce qu’est notre niveau moyen. De ce qu’est, surtout, notre culture au sens le plus large. Sens civique, sens critique, connaissance, perception . Les mauvais choix nous reflètent donc. De même que les bons.
Tout est culture, en fait. Nous évoquions les publics des Arts dans notre précédente chronique. Comme ils faisaient équivalence avec les Arts à l’époque des bâtisseurs, et comme ils en sont décalés aujourd’hui. La politique et l’économie tunisiennes allaient fort du temps du parti unique. Elles traînent et périclitent en temps de démocratie. Ne cherchons pas loin : l’enseignement, le théâtre, le cinéma, la télé, les arts et les savoirs, en général, avaient la priorité sous Bourguiba. Illuminaient les populations. Guidaient leurs choix. De nos jours, les écoles tombent en ruine, l’analphabétisme et l’illettrisme montent en chiffres, la matière artistique vit aux conditions et aux caprices du marché, le budget public de la culture «pointe à presque zéro». La Culture ? Un parent pauvre au regard de tous. Le dernier de nos soucis. Pas d’étonnement dès lors. Ni colère, ni indignation. Mauvais électeur coïncidera toujours avec mauvais élus.